Que représentera ma retraite future par rapport à mon revenu de fin de carrière : vais-je toucher 75 % de mon dernier salaire ? 50 % ? C’est ce que le taux de remplacement indique. Par décret de juin 2014, la loi fixe comme référence une proportion des deux tiers afin de garantir un niveau de vie satisfaisant pour un retraité, c’est-à-dire un taux de remplacement d’au moins 66,6 %.
Et maintenant ?
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Plan de l'article
- Un bon indicateur du niveau des pensions de retraite
- Y a-t-il un taux de remplacement moyen en France ?
- Les cas types du CdR
- Exemples de taux de remplacement dans le secteur privé, à partir de carrières réelles
- Régime de rente par rapport au régime de points
- Quel taux de remplacement dans le système de points futurs ?
Un bon indicateur du niveau des pensions de retraite
Le taux de remplacement est un indicateur du niveau des pensions parce qu’il permet une relation entre le revenu et la retraite, dont le montant ne peut à lui seul refléter la générosité du système. Comme l’indique le NOR dans son rapport de juin 2019 : « Le montant moyen réel des pensions peut augmenter au fil des générations, tout en entraînant un fort abandon de la vie par rapport au reste de la population ». C’est le cas lorsque les pensions sont indexées l’inflation, même si le revenu d’emploi augmente considérablement.
Le taux de remplacement est exprimé en net. En effet, les impôts de sécurité sociale sur le revenu (environ 22 % pour un salaire privé) ne sont pas les mêmes que ceux prélevés sur une pension de retraite, qui peut varier de 0 % pour les retraités les plus modestes à environ 10 %. Il est donc plus pertinent de comparer une pension de retraite nette avec le revenu net tiré d’un emploi.
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Y a-t-il un taux de remplacement moyen en France ?
De nombreuses études suggèrent un taux médian de remplacement de 75 % en France, mais elles ne concernent que les salariés du secteur privé. ( 1)
Il est en effet difficile d’identifier un indicateur reflétant l’ensemble de la population des travailleurs, d’abord parce que les régimes de retraite n’ont pas les mêmes règles de calcul : par exemple, le régime de base des salariés est calculé sur la base des 25 meilleures années, lorsque celui des fonctionnaires tient compte les 6 derniers mois de salaire.
En ce qui concerne cette dernière, la part des primes, qui n’est pas prise en compte dans le calcul de la pension de retraite obligatoire, est un critère qui génère à elle seule de grandes disparités en termes de taux de remplacement entre deux situations a priori close.
De plus, s’il était possible d’établir une moyenne nationale commune, le taux de remplacement reste une donnée très personnelle, reflétant un parcours de carrière propre à chacun.
Ainsi, bien qu’un cadre supérieur du secteur privé ne se verra jamais garantir un taux de remplacement de 75 % par le seul régime de retraite obligatoire, certains revenus des employés à faible revenu peuvent obtenir des taux de remplacement élevés, voire supérieurs à 100 % (c’est peut-être le cas, par exemple, dans les secteurs bancaires qui offrent un taux élevé d’ARRCO taux de cotisation pour les années 1980-1990).
Dans son dernier rapport, le CdR estime à 75,2 % le taux de remplacement pour la liquidation de son « cas standard » en tant que salarié non dirigeant du secteur privé, né en 1955, à partir de l’âge de 60 ans.
Les cas types du CdR
Dans le cadre de sa mission d’observer l’adéquation de notre système de retraite à ses objectifs d’équité intergénérationnelle, le NOR suit l’évolution des taux de remplacement standard, dont 11 aujourd’hui, dont 2 sont fixés par le décret de juin 2014.
Dans son dernier rapport, les données des cas types à différents âges de départ (nés à partir de 1957 et donc à plein taux à partir de la 1ère hypothèse cryptée pour chacun).
Taux de remplacement nets pour les cas normaux de NOR (génération 1957 sauf 1962 Nursing Aid and Policeman 1967) ; ce tableau illustre la variété des situations présentées, ne serait-ce que par rapport à l’âge possible de la retraite.
Exemples de taux de remplacement dans le secteur privé, à partir de carrières réelles
Si jamais la retraite n’est pas suffisante pour vous, vous pouvez toujours vous trouver un petit boulot : https://fr.jooble.org/emploi-saisonnier-retraite
Nous avons quantifié, à partir de carrières réelles, les taux de remplacement qui seraient servis à différents profils d’employés privés ayant une carrière complète et ascendante en termes de revenu.
Exemples de taux de remplacement pour les carrières rémunérées dans le secteur privé :
Hypothèses : salariés nés en 1956, à partir de 62 ans le 1er janvier 2019 à plein taux (début de carrière à 21 ans), excluant les augmentations familiales et la réduction de 78 % de la tranche C — Taux réduit CSG appliqué à la pension des deux premiers profils.
Ces simulations montrent d’abord que plus la rémunération est élevée, plus le taux de remplacement de la retraite est bas, et qu’à partir du profil du dirigeant moyen recevant 50 000€ de salaire annuel à la fin de sa carrière, la pension cible de 66,6% du dernier revenu n’est plus garantie. Notre système actuel de retraite est donc moins rentable pour les rémunérations plus élevées en termes de taux de remplacement.
Régime de rente par rapport au régime de points
Il est également intéressant de noter que les salariés dont la rémunération est inférieure ou proche du plafond de la sécurité sociale (40 524 euros en 2019) bénéficient d’un fort taux de remplacement par le seul régime de base, qui fonctionne par rentes.
En fait, les régimes de rente reposent sur une logique de garantie d’un taux de remplacement. Le régime de base pour les salariés est censé offrir environ 50 % de la rémunération brute (un peu moins dans la pratique puisque le calcul est basé sur la moyenne des 25 meilleures années revalorisées), dans la limite du PASS.
En raison de la baisse des charges des pensions par rapport aux salaires, le régime de base a un taux net de remplacement d’environ 57 % pour nos trois premiers profils de salariés.
Logiquement, les rémunérations supérieures au PSE voient que le poids de la pension de base dans leur pension totale diminue progressivement à 6 % pour le cadre supérieur dont la rémunération atteint les plafonds de cotisation de retraite (c.-à-d. 8 Pass).
Le régime complémentaire AGIRC-ARRCO, opérant par points, assure un taux de remplacement net de l’ordre de 21 % à 36 % et représente une part croissante de la pension totale des salariés tant que la rémunération dépasse le PSE .
Poids des pensions de base et des pensions complémentaires par type dans le régime actuel :
Hypothèses : salariés nés en 1956, à partir de 62 ans le 1er janvier 2019 à plein taux (début de carrière à 21 ans), à l’exclusion des augmentations familiales et avec une réduction de 78 % sur la tranche C — taux réduit CSG appliqué à la pension des deux premiers profils.
Quel taux de remplacement dans le système de points futurs ?
Comme on le sait, le futur régime universel fonctionnera entièrement en points, s’élevant à 120 000€ (3 PASS).
Logiquement, le régime devrait donc donner la préférence à la plus élevée rémunération dans cette limite car elle devrait payer une pension de retraite strictement proportionnelle aux cotisations, conformément à la logique de « 1€ contributif donne les mêmes droits pour tous ».
Dans le contexte de la prévision d’une forte réduction des taux de remplacement privés pour les générations futures, au moins jusqu’au milieu des années 60 en supposant une croissance à faible revenu, et avec la législation inchangée, il est permis de remettre en question le niveau des pensions que le futur système universel garantira, même si nous savons qu’une pension minimale égale à 85 % du SMIC (environ 1 000€) sera garantie à tous les travailleurs.
Les premières simulations du rapport DELEVOYE suggèrent que le passage au nouveau régime serait sans différences significatives dans le montant des pensions versées.
Toutefois, les exemples présentés ne concernent que les générations 1980 et 1990.
D’ autres simulations numériques sont prévues pour le mois de septembre.